[Instants de vie]Le village

Messages : 250 Points : 318 Réputation : 4 Date d'inscription : 19/05/2009

Le village se situait juste au pied du chateau. Niché au creux des montagnes.
Comme un paysage féerique peint par la main du Très Haut.
En cette fin de mois de novembre, la neige avait recouvert le sol, laissant le soleil refléter de ses plus beaux rayons sur cet apparat blanc.
Toutes les cheminées fumaient, seuls signes de vie décelables de loin dans ce coin de nature à l'air sauvage.
De part et d'autre du village de grandes forêts protègent ou enclavent ce petit bout de terre.
Les arbres, merveilleux boucliers naturels ou pièges mortels, sont là depuis toujours, ou presque. Ils servent à faire vivre le village en partie.
En ce lieu deux arts sont travaillés de génération en génération, le travail du bois et celui du sable, faisant fierté des villageois.
Tout ce petit village vit en effervescence tout au long de l'année, de besognes en beuverie, La Salle s'affiche à ce jour comme un des plus joli domaine du duché Dauphinois.

Messages : 250 Points : 318 Réputation : 4 Date d'inscription : 19/05/2009

[Quand le mal frappe]

Ils savaient qu'elle allait venir, mais quand? Surprise comme toujours.
Surprise qu'elle leur fit ce jour, sourire aux lèvres jusqu'à l'entrée du village.

Non damoiselle, faut pas y aller, le village est malade.
Elle avait ouvert de grands yeux.
Malade? Mais comment ça malade? Qu'est ce qu'il se passe ici?
Il ne la connaissait pas et la jaugea.
D'abord z'êtes qui vous avec vos questions?
Elle plissa les yeux. Il faisait bien dix centimètres de plus qu'elle, mais elle le jaugea à son tour.
Et vous jeune homme pour ne point connaitre l'intendante des terres du Baron?
Il était devenu tomate, s'inclinant en bafouillant.
Oh pardon...je...Enfin...C'est que...
Elle ne put réprimer un petit sourire en coin sous la couleur des joues du jeune homme, même elle arrivait rarement à ce ton de couleur, pourtant ses joues auraient eu fière allure parée de ce rose vif.
Relevez vous, relevez vous ce n'est pas grave. Bon que se passe-t-il? On ne m'a pas prévenue.
Il se releva, laissant en revanche sa tête obstinément pointée vers le sol.
sont tous malades, crachent leurs boyaux de partout, faut pas aller là bas.
La phrase imagée de son interlocuteur la fit grimacer.
Qu'en est il des médicastres?
Il leva la main en signe de dépit.
Bah pensez les érudits ici...Restent jamais bien longtemps.

Elle jeta son regard au loin, introduisant un long silence, rendant le paysan de plus en plus nerveux. Finalement elle replongea son regard sur l'homme.
Qui est sorti du village?
Ah ben personne pensez, sont presque tous malades, les autres s'échignent à éponger les sols hein.
Elle l'observa un instant, quel age avait il celui ci? Vingt ans? Vingt cinq?
Et vous?
quoi moi?
Vous vous en estes sorti du village ou vous y estes pas entré.
ah ben j'en suis parti hein, avant d'être malade.

La jeune blonde porta sa main à sa bouche, caressant de son ongle sa lèvre inférieure, le mordillant un instant.
Pouvez vous rester là et monter la garde en attendant que je trouve des hommes pour venir ici?
Il sembla hésiter.
Vous serez bien rétribué pour ce travail...
L'argent, toujours l'argent, il acquiesca tandis qu'elle soupirait légèrement.
Que personne n'entre ou ne sorte, distes leur que le chateau est avisé et qu'ils seront soignés.

Alors qu'elle allait faire demi tour elle se reprit.
Je compte sur vous et n'oubliez pas que vue l'heure prendre la forêt serait dangereux, les loups rodent il paraist...
Sur ces mots elle tourna les talons, hatant le pas jusqu'au chateau, trouver un medicastre pour mettre un nom sur cela, et faire garder le village.
Aux gardes elle donna des ordres clairs, bien que génée.
Vous trouverez un jeune homme à l'entrée du village, il doit y retourner.
Donnez lui cette clé, cette maison est vide depuis des années il n'y risquera rien. J'insiste, vous devrez les garder au village le temps que quelqu'un vienne évaluer ceci.

Un message envoyé pour un médecin et la jeune femme se mit à prier.

Messages : 250 Points : 318 Réputation : 4 Date d'inscription : 19/05/2009

[Suite du rp commencé au grand salon dans la demeure]

[A quelques mètres du village]

Les chevaux avancent doucement, le manteau de neige commençant à geler sous le vent glacial.
Abritée sous sa capuche la demoiselle ouvre le chemin, personne n'ayant eu le choix là dessus.
Elle jette parfois un coup d'oeil voir si l'unique n'a pas froid, mais il ne semble pas ou ne le montre pas. La demoiselle tente aussi de ne rien montrer de sa crainte, malgré tout en elle les questions se chamboulent.
Et s'ils devaient en arriver à de réels affrontements?

Des montures au loin, son oeil est attiré, les questions sont chassées. Un léger coup sur ses rênes et la monture s'arrête, la jeune fille fixant le lointain avant de se tourner vers un garde.
Partez à deux voir qui monte nous visiter... si ce n'est pas le médicastre renvoyez les sans explications, distes leur que le domaine est fermé, s'ils insistent que nous effectuons des battues.
Sans bouger elle regarde les gardes s'éloigner, se demandant si le médicastre arrive enfin.
Et de nouveau pas le temps de s'attarder qu'un autre garde vient à leur rencontre.

Dam'zelle ils s'énervent de plus en plus, pis ils dégueulent partout ça pue
La demoiselle ouvre grands les yeux avant de les plisser.
Oui oui nous arrivons...et grand dieu cessez d'imager sans cesse leur maladie, je sais déjà de quoi il en retourne...
C'est elle qui allait finir par rendre son estomac à la longue. Une grimace et la demoiselle fit repartir les hommes, descendant de cheval juste avant l'entrée du village.
Bon nous irons à pied...une objection?

Elle regarda l'unique, le seul qui se permettrait une objection s'il en avait une.

Messages : 42 Points : 50 Réputation : 0 Date d'inscription : 11/07/2009

Geoffroy avait suivi Appolline de près, sachant maintenant parfaitement tenir sa monture, pas comme les premières fois où ils s'étaient entêtés tous deux.. Ce fameux Mystere avait un petit quelque chose qui lui ressemblait, c'était bien pour ça qu'il avait voulu le garder malgré le fait que les deux ne s'entendaient pas.. Lorsqu'il fallut s'arrêter, il se posa doucement aux cotés d'Appolline, l'écoutant parler aux gardes et entendant parler un peu des villageois qui commençaient à s'impatienter.. Il commençait à descendre de cheval dès sa question, se retournant pour lui sourire et attraper les rènes dans sa main.

A pied ça me convient tout autant ! Après tout je suis un homme de terrain !

Il esquissa un nouveau sourire puis lui demanda.

Par contre, allons nous devoir marcher au coté de nos montures ? Ou bien y a t-il un endroit où nous pourrions les attacher le temps de faire ce qu'il y a à faire ?

Il la regarda à nouveau puis s'approcha d'elle pour lui tendre la main afin de l'aider à descendre de son cheval.

Messages : 250 Points : 318 Réputation : 4 Date d'inscription : 19/05/2009

Elle lui avait souri en prenant sa main, pour ne pas le vexer. Si l'occasion avait été différente elle aurait surement ri, le bastard de Boissieu devenait vrai seigneur. Peut être avait il enfin trouvé son coeur au milieu du fatras de sa filiation et des méandres de son pantalon.
Par contre, allons nous devoir marcher au coté de nos montures ? Ou bien y a t-il un endroit où nous pourrions les attacher le temps de faire ce qu'il y a à faire ?
Alors qu'elle posait pied à terre, ses yeux parcoururent les proches environs.
Regardez nous allons les laisser là et le garde les surveillera...il a besoin d'air...
Elle s'approcha des hommes avec un sourire aux lèvres, les regardant tour à tour. Elle les connaissait tous ou presque, comme ces paysans qu'il allait falloir calmer. Depuis combien d'années la voyaient ils grandir? Encore aujourd'hui certains se permettaient quelques allusions, l'appelant jeune demoiselle, ou petite demoiselle, elle ronchonnait et partait en souriant lors de ces occasions.
Mais ce jour ci bizarrement c'est elle qui posait ce regard protecteur sur eux, les sujets de son beau père, l'âme de cette vallée.
Un long soupir et enfin elle rompit le silence.

Vous ne sortirez vos armes que si je vous le demande. S'ils deviennent agressifs vous ne bougerez pas tant qu'ils resteront loin.
En aucun cas ils ne doivent se sentir en pire situation que celle que je leur impose déjà et puis...
Ce furent les bruits de sabots derrière les hommes qui la firent taire, la faisant lever la tête.
Les deux hommes envoyés plus tôt et une femme.

Toujours sous sa capuche la demoiselle s'avança, laissant les hommes là, Geoffroy aussi.
Les deux femmes s'éloignèrent sur le chemin, quelques minutes, marchant d'un pas lent, malgré l'urgence.
Une seule fois la demoiselle regarda le groupe d'homme, un instant, avant de détourner les yeux et de regarder au loin, la vallée plongeant doucement sous la nuit.

Les yeux dans le vague, son corps ne bougeait pas, sauf ses mains, croisées en son dos, qui semblaient tenter de s'arracher les doigts.
Finalement, encore plus palotte, elle se rapprocha du groupe.
Bien, le médicastre est là...Nous allons y aller...
Rappelez vous ce que je vous ai dit. Pour ceux qui ont leur arc, préparez le...Il faut éviter tout contact...

Elle ne l'avait pas oublié, le seigneur qui lui tenait lieu de garde rapprochée ce jour, aussi s'approcha-t-elle de lui, lui disant un ton plus bas.
J'aimerais vraiment que vous ne soyez pas au devant...S'ils vous blessaient ou vous rendaient malade...

Messages : 250 Points : 318 Réputation : 4 Date d'inscription : 19/05/2009

Elle avait donc laissé sa monture à un des homme, avait inspiré un grand coup avant de s'avancer sur le chemin du village, les yeux trahissant son angoisse.
Rapidement les hommes lui apparurent de dos, prêts à se battre si les paysans insistaient de trop.
Cette vision soudaine la fit frissonner.

Sur le chemin, le bruit de ses bottes semblait presque résonner, ses pas étaient lents, de sa démarche toujours gracieuse. Comme à l'habitude elle était vêtue d'une houppelande, à fourrure, pour la montagne. De sa main droite elle tenait le pan en s'avançant.
Lorsque les hommes en se tournant la reconnurent, ils s'écartèrent légèrement et la jeune blonde leur sourit, presque tristement en hochant la tête.

Un brouhaha s'était fait entendre alors qu'elle avançait, mais à sa vue les paysans se tairent, certains se fendant en une révérence, les autres la regardant presque étonnés.
Elle ne l'avait pas vu de suite mais près des gardes gisait un corps, ce paysan tué alors qu'il tentait de passer la garde.
Elle fixa alors son regard sur ce pauvre homme. Un des verriers.
En sa gorge un sanglot vint se perdre mais ses yeux ne laissèrent rien paraitre.

Elle releva alors la tête sur eux, caressant du regard la troupe. Elle les connaissait tous, au moins de vue, combien de fois avaient ils tenté de la gaver. Mais tandis qu'elle se perdait en ses songes une voix s'éleva:
Alors on va tous crever là c'est ça hein? Z'allez nous laisser mourir et si on essaie de se sauver on finit comme l'Bernard!
Et les autres voix qui suivent alors en hurlant.

Mais la demoiselle regarde ce corps au sol. Bernard... Les gardes autour se font menaçants sous la huée mais la demoiselle les fait se calmer d'un signe de main.
Ainsi, sans relever les yeux, ni même la voix, enfin elle se fait entendre.

L'bernard comme vous distes... J'ai un vase en Lyon qu'il m'avait offert après la découverte du corps de papa en ces montagnes...
Ce coup elle relève la tête et ses yeux paraissent gris.
Le médicastre est arrivé, il va tenter de savoir d'où ce mal arrive et comment le soigner...
Elle prend un instant pour les regarder.
Quiconque tentera de quitter le village sera tué au besoin en effet... Nous ne pouvons laisser ce mal quitter ces terres tant que nous ne savons pas ce qu'il en est.
Elle fixe alors son regard sur celui qui a hurlé le premier.
Je pensais que vous aviez plus confiance que cela en nous pourtant...

Elle se tait sans plus un mot et se retourne, faisant approcher le médicastre.
Vous allez tous vous rassembler près de la chapelle, c'est là bas qu'elle vous oscultera.
Elle fit signe à deux gardes d'accompagner le médecin.
Nous soignerons les enfants et les femmes d'abord...

Son ton est sans appel tandis qu'elle se met à suivre les gardes et le médecin sans un regard à la troupe.

Messages : 250 Points : 318 Réputation : 4 Date d'inscription : 19/05/2009

Dans la chapelle c'est une drôle d'athmosphère qui s'est installée avec l'entrée du médicastre et des petits malades.
Appolline était restée avec Geoffroy, près de la fenêtre, se faisant simple spectatrice en cette médecine qu'elle ne connaissait pas et n'appréciait pas vraiment non plus.
Lorsqu'un des gamin s'était mis à vomir, le demoiselle était devenue palotte, sentant ses jambes flageoller, mais elle n'avait pas bougé, focalisant son esprit sur autre chose, pensant au beau temps, le soleil se reflétant sur la neige,penser à tout sauf à ce liquide verdatre sur le sol.

Plus loin le médicastre oscultait, soupirant par moment, réconfortant à d'autres. Appolline posait parfois ses yeux sur lui, essayant de savoir si ce mal était grave ou pas.
Elle avait entendu parler de fièvre, de mal de ventre et avait vu les vomissements. Déjà bien cinq répandus sur le sol de la chapelle en quelques minutes.

Enfin le médecin vint à sa rencontre, la menant dehors.
L'air frais dans le nez la petite reprit quelques couleurs, notamment ses joues, donnant moins cette impression d'être à deux doigts de calancher.
Très vite le médecin expliqua la situation. Une intoxication, restait à savoir dû à quoi. LE mal ne semblait être grave mais sa durée dans le temps inquiétait quand même la femme médecin.
Les soins ne seraient rien mais il leur fallait savoir d'où venait l'intoxication.
Peut être sont ce les bêtes, peut être l'eau...Il vous faut trouver cela avant toute chose.
Inspectez les granges, cherchez des rats, du pourri. C'est quelque chose d'interne au village puisqu'au chateau tout le monde va bien...

Le médecin quitta Appolline, la laissant dehors, avec ce sentiment d'être un peu perdue.

Messages : 250 Points : 318 Réputation : 4 Date d'inscription : 19/05/2009

Son regard s'est perdu dans le lointain, comme fixant un point à l'horizon et pourtant...Elle ne regarde rien, elle s'inquiète juste.
C'est la main du nouveau seigneur sur son épaule qui lui fait reprendre ses esprits, elle se retourne et lui sourit pour cacher son angoisse.
Bon il va nous falloir donc faire le tour du village, inspecter les granges, les bêtes et ensuite la source..
Et si malgré tout ils trouvaient rien, s'il fallait tuer toutes les bêtes, comment le village passerait-il l'hiver. Elle n'osait même pas y penser.

Elle retourna ensuite à l'entrée du village, là où les gardes se tenaient. Combien étaient ils? ne quinzaine en tout, cinq pour garder le village, les autres iraient inspecter les granges et le bétail.
Elle, irait avec Geoffroy remonter la source.
Avant de partir elle donna l'ordre de mener le corps du pauvre verrier à l'abri, dans la verrerie, le temps de pouvoir lui donner un enterrement digne.

Un dernier regard sur tous les paysans et ils étaient montés, suivant le filet d'eau qui abreuvait le village.
La petite se faisait silencieuse mais était bien contente de ne pas être seule. Et puis c'était Geoffroy, le seul qu'elle avait considéré comme un ami avant cette maudite histoire avec Pathan.
Un instant elle releva les yex vers lui et lui sourit.
Merci Geoffroy d'estre resté. Ici malgré tout je ne suis qu'une intendante pour eux, la belle fille de leur suzerain.
Oui après tout elle n'était que ça et pas que pour ces paysans, elle le savait. Pour beaucoup elle n'était que fille de, sans intérêt autre que ce patrimoine familial...

Chassant cette idée de sa tête elle continua à avancer, regard sur le filet d'eau, la source.
Ils marchèrent peut être une heure avant de découvrir le foyer d'infection.
Un homme, à moitié pourri mort dans l'eau. Ses viscères sortaient de son ventre et une odeur nauséabonde entourait le corps.

Cette fois ce fut trop pour Appolline. Devenue blanche comme un linge elle avait juste eu le temps de se tourner vers un buisson avant d'y rendre ce que son estomac contenait. Son corps fut envahi de frisson et elle se mit à grelotter.
Ils avaient trouvé d'où ça venait.
L'image de ce corps à moitié putréfié. Tout qui se met à tourner autour et son estomac qui veut continuer d'expulser ce qu'il ne contient plus.
Et soudain, le vide.

Elle se réveillera au chateau où on lui assurera que le corps avait été enlevé, que les soins commençaient, que dans quelques jours il n'en serait plus rien.
Comme un triste souvenir qui au fil du temps s'effacerait des mémoires, comme le reste...