Demande d'entrevue

Messages : 70 Points : 101 Réputation : 8 Date d'inscription : 11/06/2009

Depuis quelques temps les aller et venues de la jeune femme dans le château se faisaient plus fréquents, à croire qu'elle commençait à s'habituer à l'endroit et aux promenades qu'elle pouvait y faire. Le domaine était magnifique et elle ne s'y ennuyait jamais.
Mais cela faisait plusieurs jours à présent qu'elle tournait en rond, ruminant son erreure, pestant contre elle même de n'avoir su tenir la promesse qu'elle avait faite à Antlia plus tôt. Elle lui avait demandé de veiller sur Appolline, bien sûr elle avait accepté, et elle avait échoué lamentablement.

Il fallait qu'elle s'excuse, qu'elle tente de se racheter, qu'elle fasse quelque chose en somme, pour enlever ce poids de son coeur.
La solution la plus simple pour elle revenait à aller lui parler directement, le salon de musique semblait être l'endroit le plus approprié et certainement le plus confortable pour la femme enceinte de plus de 8 mois qu'elle était. Elle se dirigea vers l'endroit qu'elle commençait à connaitre à force de passer devant presque tout les jours et interpella une des personnes qui servaient en ces lieux. A présent on ne lui demandait plus la raison de sa présence ici, les gardes ne faisaient plus attention à elle, ses déplacements dans le domaine étaient devenus naturels. Souriant pour ne pas paraitre trop sèche, elle s'adressa à la jeune servante près d'elle.

Va voir l'Etoile, dis lui qu'Ald souhaiterait s'entretenir avec elle lorsqu'elle aura le temps, je te prie.

Un dernier sourire et elle se tourna vers la porte du salon de musique, la poussant doucement. La pièce était très agréable, il en émanait une tranquilité qui plaisait beaucoup à la femme. Voyant un fauteuil non-loin d'elle et d'où elle aurait une vue sur la porte, elle se mit assise, attendant patiemment.

Au milieu de la pièce trônait une harpe, magnifique dans ses courbes et dans la qualité de son bois et de ses sculptures.
Des mains caressaient des cordes, tantot les pincaient pour en tirer un son mélodieux, doux, aérien.
Il semblait que toute la pièce vibrait avec les notes ainsi obtenues, d'une douce vibration qui vous prend les tripes en douceur et ne vous lache plus.

Et tout au bout de ces mains, la douce Etoile, les yeux fermés son corps semblait danser, allant en vague ponctuer la douce mélodie, l'accompagnant jusqu'au bout de son être .
Elle jouait avec son âme lorsque le grincement discret de la porte fit suspendre son geste .
Antlia mains suspendues dans le vide de part et d'autre de l'instrument ouvrit les yeux et vit, à travers les cordes une des servantes du Chateau.

elle soupira légèrement afin de ne point se faire entendre.Elle ne voulait en rien accabler la servante, puis elle se leva.

OUi, qu'y a t il ?

Dame Aldraien demande à avoir une entrevue Ma Dame . Elle attend dans le vestibule.

Ah, Ald? Eh bien oui, faites la entrer si elle est encore présente .

Se dirigeant vers les fauteuils en place non loin, permettant l'écoute de musiciens, elle se demandait la raison de sa venue . Tout en s'installant, le bruit de la porte se répéta, un bruit connu lui parvint et elle se retourna les bras ouverts, l'invitant ainsi a se rapprocher des fauteuils

Bien le Bonjour Ald. Que me vaut ta visite?

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Après s'être installée, elle leva les yeux vers Antlia, un regard inquiet et empli de remords de n'avoir pu tenir sa promesse. Beaucoup diront que sa réaction peut-être est excessive, d'ailleurs elle l'est surement. Mais pour la femme, il n'y avait rien de pire que de ne pas pouvoir tenir une promesse qu'elle avait faite et elle n'osait croiser le regard de la Baronne.

Bien le Bonjour Ald. Que me vaut ta visite?

Bonjour Antlia.... Elle s'interrompit, cherchant ses mots. Devait elle employer un ton qui se voulait formaliste comme d'un vassal envers son suzerain alors qu'il a failli à sa mission ou alors devait elle parler en tant qu'amie ayant fait une promesse...
Partie dans ses pensées, le temps qu'elle passa à choisir ses mots devait sembler étrangement long à Antlia mais elle voulait parler bien, montrer qu'elle s'en voulait. Finalement, elle osa rencontrer le regard d'Antlia et ne détourna pas son regard tout en parlant, choisissant de lui parler de marraine à mère.

Je suis venue aujourd'hui pour te parler de la promesse que je t'avais faite...celle de ne pas laisser Appolline voyager seule, celle que je n'ai pas su tenir...
Cette histoire me travaille depuis un certain temps maintenant, j'aurais même du venir t'en parler plus tôt. Je m'en veux de ne pas avoir été à la hauteur, j'aurais du suivre Appolline pour la protéger. Je sais qu'il ne lui ai rien arrivé, mais ça aurait pu être le cas et je m'en serais voulu à vie...déjà que je m'en veux pas mal là.

Je ne sais pas quoi faire pour me faire pardonner, mais je ne pouvais pas ne pas en parler, il fallait que ça sorte.

Installée confortablement, les longues mains fines de l'Etoile reposaient sur l'etoffe de sa robe pourpre relevée par la couleur de ses cheveux, épis de blé murs .
Couleur peu habituelle pour la femme, mais elle portait ce jour ses couleurs, rouge et or....

Femme au Noble coeur, l'Etoile écoutait sa vassale, son amie, celle qui était présente lors de la naissance d'Appolline.
Que de souvenirs en cet instant de silence, où il lui semblait qu'Ald cherchait en vain à dire quelque chose qui ne venait pas. Un instant elle faillit lui attraper les mains mais la chose avait l'air plus complexe qu'il n'y paraissait. Aussi elle se retint de le faire quand celle ci se mit à parler.

Antlia l'écouta et entendit son désarroi. Elle n'avait point penser que telle parole ait pu faire autant de ravage chez son amie. Et son coeur se serra. Ce n'est point cela qu'elle avait voulu. En la faisant vassale, elle souhaitait les mettre à l'abri.

Une fois qu'elle eut fini, la blonde prit les mains d'Ald dans les siennes, soutenant son regard elle entama d'une voix douce et tendre :

Ald mon amie. Lorsque je t'ai proposée d'être ma vassale, j'avais en tête de te faire entrer en ma famille et de vous mettre à l'abri.
Je savais également que les gens que j'allais te confier seraient entre de bonnes mains.
Pour moi, il n'y a aucune contre partie. Je sais que ma famille t'est importante, je connais la promesse que tu as faite mais dans ce contexte tu n'y étais pour rien .
La personne que je dois blâmer, et je l'ai fait est Appolline.
Pour rien au monde je t'en voudrais et pour rien au monde tu as trahi la ni ton serment.
Tu es la femme la plus juste que je connaisse, avec une autre, dans ce bas monde. Tu n'as commis aucune faute.

Elle lui serra alors les mains doucement et l'attira à elle afin de la prendre dans ses bras, leur ventre les tenant à une bonne distance l'une de l'autre ce qui eut pour effet de la faire rire.

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Elle avait réussi à parler, ce n'avait pas été facile mais elle avait réussi. Elle reprenait son souffle à présent, avait dit ce qu'elle avait à dire presque d'une seule traite sans prendre le temps de respirer, il valait mieux faire cela, elle aurait risqué de bafouiller ou de perdre le fil dans le cas contraire.
A présent elle attendait la réaction d'Antlia en la regardant, elle l'appréhendait même, son coeur battait la chamade, si elle ne le savait pas dans sa poitrine elle aurait pu croire qu'il était dans sa tête à tambouriner contre ses tempes.

Mais la réaction de son amie fut à des lieues de celle qu'elle imaginait. Lorsqu'Antlia lui prit les mains, elle baissa les yeux vers elles puis remonta son regard dans celui de l'Etoile. Elle lui parla avec sincérité, ne la quittant pas des yeux, avec cette voix si douce qui cassait toutes les barrières qu'elle dressait autour d'elle et s'imprégnait en elle avec force. Elle l'enveloppait de tendresse et Ald n'avait toujours pas compris de quelle façon elle réussissait à la toucher ainsi à chaque fois qu'elle lui adressait la parole.

La dernière phrase que son amie prononça eu pour effet de pratiquement la faire fondre en larmes, mais elle se retint, seulement quelques larmes perlèrent à ses yeux, sans qu'elle ne cherche à les essuyer. Des larmes de soulagement, toute son inquiétude qui quittait peu à peu son âme.
Alors qu'elle sentit les bras d'Antlia se refermer autour d'elle, elle ne trouva rien à répondre à tout ce qu'elle venait de lui dire, simplement elle murmura "Merci...Merci d'être toi." et déposa un baiser sur la joue de son amie.

Moment complice où les barrières tombent, où l'Etoile se met à nu, montrant ce qu'elle est vraiment, qui elle est vraiment.
La serrant sur son coeur, prenant elle aussi la force continuer par cette accolade, elle ferme les yeux un instant puis lui murmure :

Merci d'être là Ald.

Un doux sourire vint s'installer sur ses lèvres rosées, yeux légèrement brillants révélants l'émotion de l'instant. Elle appréciait cette femme, ce coeur si grand et un dévouement qu'il fallait freiner.

Elle la relâcha, se plaça au fond du dossier et la regarda.

J'ai une nouvelle à te faire partager.

Un instant de silence afin que Ald se remette de cet instant, le ton de sa voix se fit moins doux mais sur.
Une amie commune revient parmi nous, afin d'y rester un certain temps. Je l'ai nommée Capitaine de la Garde de Grignan et par ce titre, enrôlera et commandera cette unité, ce camp .

Vois tu de qui je souhaite te parler Ald?

Un large sourire fit place sur le visage de la baronne, un sourire presque amusé et complice.

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Ce moment aurait pu durer des heures qu'Ald n'aurait rien remarquer. Pour elle ce fut comme si ce qui n'avait en réalité duré que quelques secondes s'était étendu à plusieurs jours afin d'effacer toute trace de remords en elle. C'est le coeur liberé qu'elle se redressa lorsqu'Antlia relacha son étreinte et se recula au fond de son siège et lui sourit, sourire qu'elle lui rendit, empli de reconnaissance.

Rapidement elle passa le bout des doigts près de ses yeux, recueuillant les quelques larmes qui s'étaient échappées puis reporta son regard, qui avait retrouvé de son éclat émeraude, vers son amie. Intriguée, elle ne la lacha pas du regard lorsqu'elle lui annonça avoir quelque chose à lui faire partager. Le silence qui suivit lui parut à nouveau durer une éternité mais finalement Antlia lui fit part de la nouvelle qui fit faire un bond au coeur de la jeune femme. Un bond, puis un sourire qui illumina son visage alors que les battements de son coeur s'étaient considérablement accelerés.

Une amie commune revient parmi nous, afin d'y rester un certain temps. Je l'ai nommée Capitaine de la Garde de Grignan et par ce titre, enrôlera et commandera cette unité, ce camp .

Vois tu de qui je souhaite te parler Ald?

Elle essaya de donner un ton pas trop enthousiaste à sa voix même si elle mourrait d'envie de se lever et de prendre Antlia dans ses bras pour la remercier d'avoir nommée leur amie à ce poste qu'elle méritait plus que n'importe qui. Elle prit donc un ton complice et amusé :

Je crois savoir de qui tu souhaites parler, en effet. Je dois dire que je suis ravie d'apprendre cette nouvelle. Puis reprenant un ton plus sérieux : Aussi pour ma part je t'apprends ma démission de l'Ost. Si tu me le permets, je présenterais ma candidature à Deb afin de m'enroler dans la Garde de Grignan et protéger ainsi le domaine, que tout ce que j'ai appris durant ma carrière de soldat puisse servir à protéger ceux qui me sont les plus précieux.

Elle avait compris de qui elle parlait. En effet une seule personne pouvait avoir cette place, et elle savait combien elle y mettrait tout son coeur.
Mouvement imperceptible de sa mâchoire, doigts entrant dans la délicatesse du siège sur lequel elle était assise, elle avait du mal à croire ce qu'elle venait d'entendre: démissionner de l'Ost. Certes l'Etoile l'avait fait, mais Ald.... elle n'était qu'au début de sa carrière lui semblait il .
Elle essaya d'analyser de comprendre, mais comment pouvait elle? Antlia et Ald étaient si différentes.

Ald, je ne peux rien dire ni approuvé ni réprimander ce geste car ce n'est point de mon ressort, ni ma qualité et.. je n'en aurais de toutes les façons aucun droit.
Pour ce qui est de ton engagement, tu m'en as déjà fait part, et démontré Ald.
Si ton souhait est d'entrer dans la Garde de Grignan, alors oui il te faudra passer par le Capitaine. Je lui donne toute ma confiance pour faire en sorte et avec toute objectivité que la garde de Grignan puisse naitre.

Son esprit la prit à part, et la fit voyager à plusieurs lieues de Grignan, vers la Bourgogne. Mais où se trouvait elle à présent? que faisait elle? Faisait elle toujours route avec le père d'Appolline. Tant de questions en suspend qu'elle marqua involontairement un temps d'arrêt dans ses paroles, regard vague pour revenir en un laps de temps dans le salon de Musique.

Ald je ne peux que t'envourager à aller la voir lorsqu'elle sera rentrée, ou bien encore de lui écrire et d'exposer ainsi tes souhaits .
Elle seule est maintenant habilitée à gérer tout cela.

La Belle sourit alors à Ald. Elle même avait tant pris de chemins qu'elle comprenait fort bien ce désir de voir si .... si l'on pouvait encore servir ou être utile quelque part...